François Carlier, Président, Prestilux, Incubateur de Marques de Beauté au Canada
Q : Selon vous, quelles sont les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur l’industrie mondiale de la beauté ?
R : Les magasins à grande surface et les boutiques spécialisées étant fermés, il ne reste que les pharmacies et, même là, vu les mesures restrictives imposées, les ventes sont en forte baisse. Personne ne peut dire si, à plus long terme, ce que Léonard Lauder a appelé le « lipstick effect » en 2009 se produira. Tout dépendra probablement de la façon dont la reprise se déroulera.
Q : Quels phénomènes observez-vous chez les consommatrices de produits de beauté ?
R : Leur pouvoir d’achat a diminué, ce qui affecte surtout les marques haut de gamme et, dans une moindre mesure, la dermocosmétique. L’industrie va devoir évaluer les nouvelles habitudes de consommation de la population en général. Si un grand nombre de professionnelles risquent de déserter les centre-villes et d’opter pour le télétravail, on espère qu’elles vont continuer de prendre soin d’elles.
On remarque déjà l’importance grandissante qu’elles accordent à la nature et à la source des ingrédients constituants des produits choisis. On le constate plus que jamais avec les nouvelles générations, l’économie de demain ne pourra être durable que si elle prend en considération des habitudes de consommation plus saines.
Q : Qu’est-ce qui changera dans la commercialisation des produits, les modes de distribution ?
R : Le confinement a provoqué un large essor des ventes en ligne. Ce mouvement de fond est là pour rester. Il est probable que cela aura des impacts économiques importants sur les réseaux de distribution. Pour survivre, les détaillants devront adapter en conséquence leur gestion des achats et des inventaires. Il va leur falloir faire preuve d’agilité et de réactivité.
Une autre des tendances observées est la priorisation de l’économie locale. L’interdépendance des économies est aujourd’hui remise en question, dans tous les secteurs. Certaines marques ont déjà adopté avec succès cette philosophie.
Q : Face à la crise actuelle, les marques de cosmétiques se sont montrées solidaires en se mobilisant pour produire des gels hydroalcooliques, en faisant de dons importants à différentes organisations humanitaires. Cet élan de solidarité et d’initiative citoyennes va-t-il selon vous se poursuivre ?
R : Nous avons pour notre part contribué à acheter 50 000 masques N95 pour l’Hôpital général de Montréal. On ne peut que souhaiter que les beaux gestes des entreprises petites et grandes se multiplient et perdurent.