Roland Herlory – PDG de la Marque Vilebrequin
Q : Racontez-nous comment est née Vilebrequin et pourquoi ce nom ?
R : Vilebrequin est née en 1971, sous le soleil de Saint-Tropez, d’un heureux mélange d’amour et d’eau salée. Fred Prysquel, journaliste automobile, croise le regard d’Yvette, son amie d’enfance. Voulant la séduire sur la plage, il cherche une solution de rechange au maillot de bain « moule-boules », la norme pour les hommes à cette époque. Dans un élan créatif inspiré des boxer-shorts californiens, il se taille alors un short de bain dans du tissu de boubou sénégalais. Pour Fred et Yvette, c’est un coup de foudre et pour le short aussi car les célébrités masculines de Saint-Tropez cherchent illico à se procurer le même ! C’est ainsi que Fred et Yvette démarrent leur affaire. Ils ouvrent une première boutique, où l’escalier en colimaçon rappelle à Fred la forme d’un vilebrequin – cette pièce de moteur automobile – tenu à la verticale. Voilà probablement le nom de marque le moins marketing au monde, mais son originalité n’en fait pas moins parler d’elle dans une soixantaine de pays !
Q : Vous poursuivez votre développement à l’international. Comment voyez-vous les choses au Québec ?
R : Il s’agit d’un marché naturel pour nous, car nous partageons une langue et donc une culture communes. Les Québécois sont de grands voyageurs et ils apprécient passer leurs étés près de l’eau. Ils sont aussi sensibles à la qualité des produits, qui est notre premier critère, de même qu’à la responsabilité sociale d’entreprise, un aspect de notre travail que nous améliorons de saison en saison puisque, entre 2018 et 2022, nous sommes passés de 4 % à 99 % des pièces de nos collections fabriquées à partir de matières recyclées ou recyclables. Nous croyons au potentiel de notre première installation en sol canadien, une boutique phare située rue Sherbrooke Ouest à Montréal, qui propose notre offre la plus large : maillots de bain à la fois chics, confortables et gentiment amusants pour hommes, femmes et enfants bien sûr, mais également du prêt- à-porter et des accessoires pour toute la famille.
Q : Quels sont vos imprimés vedettes ?
R : La « ronde des tortues » est devenue un motif incontournable chez Vilebrequin. Depuis le début des années 2000, la tortue s’est en effet hissée au rang d’icône dans nos collections et bien au-delà; nous avons même développé depuis 2016 un partenariat avec une association polynésienne (Te mana o te moana) de protection des fragiles habitants des océans.
Tous les animaux marins ont la part belle chez Vilebrequin (poulpes, crevettes, poissons). Chaque saison, notre studio basé à Paris les revisite avec élégance, fantaisie et toujours une touche d’humour. Depuis une dizaine d’années, nous avons invité des artistes (Virgil Abloh, Kenny Scharf, Sylvie Fleury…), des créateurs (Jean-Charles de Castelbajac) ou d’autres marques (Palm Angels, Bape…) réinterpréter nos codes et à y injecter leur vision et leur savoir-faire pour repousser toujours plus loin nos limites en matière de créativité et d’innovation.
Q : Qui est le client Vilebrequin ?
R : Notre client historique passe la plupart de son temps en complet-cravate sombre et, l’été venu, il vient chercher chez Vilebrequin sa dose de lâcher-prise. Qu’y choisit-il ? Un maillot de bain totalement aux antipodes de son look habituel : coloré et amusant. Tout en restant chic, bien sûr. Ce client est parfois une femme, qui vient sélectionner chez nous la panoplie des vacances idéale tant pour son mari et ses enfants que pour elle puisque, depuis les années 1990, Vilebrequin revendique un concept « père fils » et conjugue aussi ses collections au féminin. Plus récemment, nos collaborations avec des marques de mode urbaine (streetwear) comme Off-White, Palm Angels ou Highsnobiety ont attiré une clientèle plus jeune et branchée avide de pièces collectors.
Q : Quelle est votre destination soleil préférée au monde ?
R : Chez moi, à Saint-Barth !