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Vânia le blogue !

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Serge Lutens – Parfumeur

le 3 février, 2017

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Q : La parfumerie : rêve d’enfance, héritage familial ou pur hasard ?

R : Certainement pas rêve d’enfance ni héritage familial. Hasard, en est-il un ? Plutôt, ricochet qui m’a conduit de la coiffure (considérée comme un cadre, un présentoir du visage) au maquillage, en passant par la photographie, le cinéma, le parfum…

Q : Le parfum dont vous êtes le plus fier ? Comment est-il né ? Qu’évoque son nom ?

R : Toutes lignes confondues, j’ai conçu près de 80 parfums pour la marque Serge Lutens. Il n’y a pas de préférence. Bien sûr, un parfum est toujours un mélange d’alcool et d’essences mais, pour moi, c’est autre chose, c’est pulsionnel. Ce qui est intéressant, c’est le moment où il est créé car il dénoue quelque chose.

Q : Vos créations olfactives nous transportent souvent dans un univers poétique unique. À quel voyage nous invitez-vous avec vos nouveaux opus: Baptême de Feu et Veilleur de Nuit ?

R : Le voyage c’est à vous de le faire, non à moi de vous l’expliquer. Il est en chacun de nous. Le parfum, c’est une tension entre l’image et les mots ; il n’est pas une finalité mais un instrument, un relais d’expression qui a remplacé l’image dont je m’occupais. C’est la mise en essences d’émotions que jusqu’alors, je ne pouvais pas exprimer par les mots.

Q : Porter un parfum, selon vous, est-ce se créer un double onirique, une vie parallèle ?

R : Ni l’un ni l’autre. Porter un parfum, c’est s’assurer de quelque chose, se marquer, se déterminer à un moment donné. C’est un instrument d’affirmation, un appoint à certaines défaillances devant lesquelles la vie peut vous placer, un peu comme le ferait une coiffure, un bijou, une couleur…

Q : Considérez-vous Christopher Sheldrake comme un partenaire en création ?

R : La création est unitaire, elle ne se fait pas en groupe. C’est totalement personnel. Elle est passive comme le rapport amoureux, plus forte que nous. Par elle, on est passif mais activé. Christopher entre dans cette histoire que je ne connais pas encore moi-même. C’est le parfum qui décide. Parfois, il me désigne une route différente de ce que j’avais envisagé. C’est une question de sens, de sensibilité. Pour Christopher, c’est un métier, pour moi une maladie.

Q : Vous êtes reconnu comme le pionnier de la parfumerie dite « de niche ». Qu’est-ce que cela vous évoque?

R : Je ne suis le pionnier de rien du tout ! On m’a suivi, copié. Aujourd’hui, cela donne un numéro de claquettes que tout le monde danse de la même façon ! D’ailleurs, je fuis les définitions autant que les titres et les médailles ; elles nous enferment.

Q : L’odeur de votre enfance ?

R : L’odeur de la séparation, de la guerre, de la peur. Traduisez vous-même !

Q : Un parfum que vous auriez aimé créer ?

R : Aucune idée, je n’ai pas cette priorité.

Q : Selon vous, quelle est l’odeur du futur ?

R : L’inconnu. Mais, pour le moment, la merde !

L’essentiel de Serge :

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Eau de parfum Veilleur de Nuit, de Serge Lutens.
800 $ les 50 ml

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